Política y Derechos Humanos
Politique et droits de la personne
Politics and Human Rights
Tlahui No. 1, I/1976 


VIOLENCE CONTRE LES REPRÉSENTANTS ÉLUS ET LES DIRIGEANTS POLITIQUES AU MEXIQUE. 1988-1994

Mario Rojas Alba


La violence dont sont victimes les candidats élus et les dirigeants de l'opposition

Résumé relatif à la période 1988-1994. Mise à jour de la version française du Rapport sur la violence contre des candidats élus et des dirigeants politiques, Rapport du Comité québécois pour les droits humains au Mexique (CDHM-Q), 1988-1992.

 Les cas de violence dont sont victimes les candidats, représentants et dirigeants de l'opposition sont plus nombreux qu'on ne le pense généralement. Chaque assassinat a été précédé d'actes d'intimidation et de violence. Il est extrêmement difficile de déterminer exactement le nombre de personnes assassinées pour des raisons politiques et impossible de préciser le nombre d'attentats politiques commis contre la vie de personnes.

 Conscient du fait que les données statistiques expriment des événements survenus à des êtres humains de chair et de sang, le CDHM-Q traite ces informations avec extrêmement de soins et de respect. Notre organisation essaie, dans la mesure du possible, d'évoquer les visages humains représentés par chacun de ces chiffres présentés. La vie humaine et les souffrances ne devraient pas être mesurées avec la froideur qui caractérisent les rapports sur la production et sur l'économie nationale.

 Le gouvernement mexicain et son parti, le PRI, exercent toutes sortes de violence contre les opposants politiques et sociaux à tous les niveaux de participation, y compris les militants et les dirigeants de la base, locaux et régionaux et les dirigeants des états et du niveau national. La répression est actuellement très fréquente contre des représentants élus : représentants locaux, maires, membres du Congrès local, membres du Congrès fédéral, sénateurs et autres dirigeants et candidats de tous les niveaux.

 La plupart des spécialistes en droits humains au Mexique croient que les violations de droits de la personne font plus de victimes parmi les militants de base que parmi les dirigeants politiques. Cela vient du fait que les militants de la base sont plus nombreux que les dirigeants, mais le pourcentage des dirigeants politiques qui en sont victimes pourrait être supérieur à celui des militants de base.

 Il semble paradoxal que le public soit moins informé sur les cas de violations des droits de la personne contre des dirigeants politiques étant donné que ces derniers ont normalement plus facilement accès aux médias que les militants de base. Il faudrait instaurer une enquête pour étudier, de façon approfondie, les raisons pour lesquelles de telles violations sont peu couvertes et sont même cachées par les médias.

 Mario Rojas, en tant que membre du CDHM-Q, a préparé une liste préliminaire des représentants élus et des autres dirigeants de l'opposition qui ont été victimes de différentes formes de violations des droits de la personne: tentatives de meurtre au moyen d'une arme à feu ou autrement, agressions physiques, voies de faits, tortures, dommages à des biens, soi-disant vols, organisation de procès truqués, enlèvements et détentions illégales, cambriolages de maisons et de bureaux par la police ou par des inconnus, menaces proférées en personne ou par téléphone, plans criminels à l'égard de la victime, "accidents" volontaires ou suspects liés à des activités politiques, disparitions, assassinats (voir code de violations).

 Si nous tenons compte du fait que ces données sont le résultat d'une enquête très limitée, nous sommes surpris de constater l'importance du nombre de fonctionnaires et de dirigeants de l'opposition qui ont été victimes de violence. Cette liste comprend 125 cas, mais le nombre de cas qui n'ont pas été signalés pourrait, malheureusement, être beaucoup plus élevé.

 Le haut degré de violence et la position hiérarchique très élevée des victimes sont alarmants. Le cas de chacune des victimes mérite d'être signalé sans distinction, mais pour mieux illustrer la gravité de la situation, il faut souligner le fait que la fille et le fils de deux des plus importants dirigeants de l'opposition mexicaine ont été les victimes d'actes dangereux de violence. Cuauhtémoc Cárdenas, fils du dirigeant national du PRD, a été blessé avec un couteau et Tatiana Clouthier, fille de Manuel J. Clouthier, candidat présidentiel du PAN, a failli perdre la vie dans un soi-disant accident de voiture organisé, semblable à celui qui a tué son père. À la fin de la période, le candidat du PRI au poste de président de la République, Luis Donaldo Colosio a été assassiné, à la suite, le secrétaire national du PRI, José Francisco Ruiz Massieu a été aussi assassiné.

 Au Mexique, la pratique courante des représentants du PRI. consiste à minimiser la gravité des cas d'attentats et des violations de droits de la personne dévoilés par les fonctionnaires de l'opposition dans les médias. Mais en lisant la présente liste, les lecteurs se rendront compte que les cas présentés exigent indéniablement une attention plus sérieuse de la part des autorités du parti au pouvoir. Des 125 (100%) cas de violations cités, 23 (18,4%) cas ont entraîné la mort du représentant ou du dirigeant en question, 78 (62,4%) cas étaient relatifs à des attentats au moyen d'une arme à feu, à des coups, à des lésions et à de la torture. En additionnant ces deux groupes, on obtient 101 (80,8%) cas d'attentats divers entraînant la mort ou des lésions. La liste comprend aussi 21 cas de membres du Congrès fédéral, 19 membres de Congrès d'états, et 23 maires.

 Les membres de certaines organisations sont plus souvent choisis comme cibles de violence. Notre liste de victimes comprend 89 (71,2%) cas de membres du PRD et de groupes «cardenistes» affiliés à ce parti, 8 (6,4%) cas de membres du PAN, 4 (3,2%) cas de membres du PARM, 3 (2,4%) de membres du PRI, 3 (2,4%) cas de militants d'affiliation inconnue et 18 (14,4%) cas de membre pouvant être classé dans la catégorie incluant tous les autres groupes, c'est-à-dire, le PFCRN, le PT, le MULT, le FCA, entre autres.

 Il importe de souligner que cette liste ne contient qu'une très faible proportion du nombre total de cas de violence survenus, et qu'elle ne comprend que des représentants élus. Mais c'est la première de ce type à être compilée au Mexique et nous comptons publier une nouvelle liste, plus complète et à jour, en ajoutant les données que le CDHM-Q recueillera.

 Au Mexique, la plupart des violations des droits de la personne sont liées à des conflits électoraux dus au manque de respect du processus électoral et envers les électeurs, ainsi qu'à des fraudes électorales chroniques. En 1991 et en 1994, lors des élections des membres du Congrès, plusieurs processus électoraux ont eu lieu au niveau des états, et suite à des plaintes dénonçant des irrégularités, des élections spéciales de Conseils municipaux ont dû être réalisées dans quatre états de la Fédération. Seulement dans l'état de San Luis Potosí, des élections spéciales ont dû être tenues dans cinq municipalités. En 1994, une situation semblable, sinon pire, s'est déroulée dans l'État du Chiapas.


Code de violation
Index de sigles, glossaire, notes et sources
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